Le livre
Ressac : le retour violent des vagues après avoir frappé un obstacle ; c’est aussi le retour brusque d’une émotion refoulée, du souvenir, de la mémoire. Une femme, dont on ne connaît pas le prénom. Son téléphone portable vibre dans son sac à main. Un officier de police judiciaire derrière le combiné : le corps d’un individu a été retrouvé sur la voie publique au Havre, un ticket de cinéma dans sa poche sur lequel figure le numéro de téléphone de l’intéressée … Certes, cette femme a grandi au Havre mais qu’aurait-elle à voir dans cette affaire, elle qui exerce désormais comme doubleuse de voix de cinéma à Paris ? Maylis de Kerangal va tirer profit de cette convocation pour refaire corps avec sa ville natale, Le Havre et dresser un état des lieux : ville fracassée, rebâtie, bétonnée, grise pour toujours, mais sans jamais basculer dans la nostalgie ni dans l’adoration mystique des enfances égarées. Cet apparent polar est une odyssée intime aux accents hitchcockiens. Un envoûtement.
L’auteure
Éditrice et auteure d’une dizaine de romans dont Réparer les vivants couronné de nombreux prix littéraires, adapté au cinéma et au théâtre, Naissance d’un Pont, (Prix Medicis et Prix Franz-Hessel) ou Corniche Kennedy, Maylis de Kerangal est une écrivaine populaire, aimée et primée, qui allie le poétique et le prosaïque. Si elle aborde dans Naissance d’un pont l’épopée de la mondialisation, ses autres ouvrages pénètrent dans des univers multiples : ceux d’une bande d’ados (Dans les rapides), de jeunes Marseillais amateurs de plongeons (Corniche Kennedy), de la peinture (Un monde à portée de main), des passagers du Transsibérien (Tangente vers l’est)…
Dans son dernier roman Jour de ressac, elle livre pour la première fois la clé de sa singularité : sa ville, Le Havre, où elle a vécu enfant et adolescente. Cette auteure fait partie d’une génération d’écrivains qui cherche « à faire du romanesque avec presque rien », en essayant de saisir les enjeux de la société actuelle et porter un regard lucide sur la complexité des rapports humains. C’est toute une humanité qui affleure dans son écriture ainsi qu’une pluralité de voix. Elle dit : « dans une phrase, les détails ne sont jamais là pour faire joli. Ils me donnent de quoi agencer tout autour, de quoi imaginer. Ils permettent tout simplement que le roman soit possible. »
À lire
Jour de ressac de Maylis de Kerangal, Éditions Verticales, 2024