Le livre
Mêlant réalité et fiction, Mes amis est un éloge de l’amitié, le récit d’une pérégrination mélancolique à travers le temps, entre la Libye et le Royaume-Uni. C’est aussi et surtout un livre inoubliable sur l’exil, ses pertes, ses renoncements, l’impact indélébile de la violence et la solitude de ceux qui y sont contraints. Le roman suit Khaled, un Libyen installé à Londres, et ses amis d’enfance Mustafa et Hosam, confrontés aux répercussions d’une manifestation contre Kadhafi en 1984. Le récit se situe dans un contexte parfaitement authentique. Une manifestation eut bien lieu à Londres le 17 avril 1984, la policière Yvonne Fletcher fut bien touchée par un tir libyen et mourut bien à l’hôpital de Westminster. Une grave crise diplomatique s’en était ensuivie. C’est ce jour-là que tout avait basculé pour Khaled. Il ne pourrait plus retourner à l’université. Il pourrait encore moins rentrer en Libye. Londres est pour lui le nom de son exil.
L’auteur
Hisham Matar est né à New York. Il a vécu une partie de son enfance à Benghazi puis au Caire, avant de partir en 1986 poursuivre ses études à Londres, où il vit depuis lors. Encensé par la critique et finaliste du Booker Prize pour son si beau livre La terre qui les sépare, on retrouve ici la plume mélancolique et élégante de ce grand écrivain. Virulent critique des régimes oppressifs du Moyen-Orient, il est reconnu pour ses opinions tranchées et ses romans primés tissent un lien subtil entre le personnel et le politique.
Le comédien
Charles Berling est comédien de théâtre et de cinéma, il dirige la scène nationale Châteauvallon-Liberté à Toulon. Acteur majeur du paysage culturel français, Charles Berling construit depuis plus de trois décennies une carrière riche et exigeante, à la croisée du théâtre, du cinéma et de la littérature. Au cinéma, il s’est imposé dans des rôles marquants, de Ridicule de Patrice Leconte à L’Ennui de Cédric Kahn ou Le Prénom d’Alexandre de La Patellière, naviguant avec aisance entre drame, comédie et introspection. Sa relation intime au langage se manifeste aussi dans son art de la lecture à voix haute, qu’il aborde avec la même rigueur et la même ferveur que ses rôles d’acteur.
Extrait
« Londres que j’ai essayé de faire mienne ces trois dernières décennies, pense par certitudes. Elle adore les classifications. Ici, la ligne séparant la chaussée du trottoir, un individu d’un autre, prétend être aussi clairement définie qu’un fait scientifique. Même les ombres ont leurs places allouées, et Londres est une ville d’ombres, une ville faite pour les ombres, pour les gens comme moi, qui peuvent y passer toute une vie et pourtant demeurer aussi invisibles que des fantômes. »
À lire
Mes amis de Hisham Matar, traduit de l’anglais par David Fauquemberg, Éditions Gallimard, 2023
Un entretien avec Hisham Matar a lieu le lendemain, samedi à 15h30 à la Bourse.