Le livre
Ruth, professeure à Londres, n’a presque plus de contact avec sa fille Eleanor, toxicomane. Lorsqu’Eleanor a un bébé, Ruth n’écoute que son instinct : elle revoit sa fille, mais s’arrange pour garder l’enfant avec elle pour tenter de la protéger. Une bouleversante relation s’installe entre la grand-mère et sa petite-fille Lily, nimbée de tendresse mais aussi de non-dits. Au fil des ans, ces vies minuscules vont se lier et se délier. On reste médusé : un mélange d’émerveillement face à la splendeur du texte et de reconnaissance à l’égard de Susie Boyt pour la puissance des émotions qu’elle y fait circuler. D’une délicatesse remarquable, Amours manquées est un roman de la perte et du chagrin qui fait droit à la dignité et à la beauté de ses personnages, et ménage une place à la lumière.
L’auteure
Fille de Lucian Freud et arrière-petite-fille de Sigmund Freud, Susie Boyt n’est ni peintre ni psychanalyste. Elle dirige le Hampstead Theatre de Londres. Son roman Amours manquées, acclamé en Angleterre et aux États-Unis, a été classé dans les meilleurs romans 2023 du New Yorker. Il est en cours de traduction dans plusieurs pays. En France, il collectionne les prix (Fémina, des lectrices de Elle, de l’héroïne Madame Figaro, du meilleur livre étranger, etc…).
Le comédien
Comédien et réalisateur, Nicolas Maury s’est imposé comme une figure singulière du cinéma et du théâtre français. Il s’est fait connaître du grand public avec son rôle dans la série Dix pour cent, et a également été remarqué dans Garçon chiffon, qu’il a réalisé, ainsi que dans les films de Philippe Garrel, Yann Gonzalez ou Safy Nebbou. Au théâtre, il a travaillé notamment avec Jean-Luc Lagarce, Denis Podalydès et a porté sur scène l’écriture radicale de Sarah Kane, dans une mise en scène très remarquée. Lecteur d’une grande intensité, Nicolas Maury habite les textes avec une sensibilité rare.
Extrait
« Je soufflais mon amour sur Lily. Ce que nous ressentions l’une pour l’autre contenait beaucoup de chaleur et d’urgence. J’étais forte mais je faisais attention. Je lui donnais mon amour à la petite cuillère. Les gens n’abordaient pas souvent ces épais courants d’émotion qui circulaient entre le parent seul et l’enfant unique, cette visée débridée en partage, la priorité accordée l’une à l’autre, les buts communs, doublés, jumelés. La dense ivresse qu’il y avait là-dedans. »
À lire : Amours manquées de Susie Boyt, traduit de l’anglais par Stéphane Vanderhaegue, éditions la croisée, 2024