Hommage au photographe Doug Biggert (1941-2023)

19 Aug 2023


16:30 — 22:00


Studio
Réserver

Projection (20′)

avec le court-métrage documentaire Beautiful América et un diaporama d’images réalisé pour les Rencontres d’Arles en 2019. En boucle de 16h30 à 22h00.

Doug Biggert est né dans le Midwest américain, a traversé tous les Etats d’Amérique, laisse une collection de plus de dix mille vinyles de jazz. Il avait toujours un appareil photo dans sa poche pour surtout « ne rien oublier » : son travail photographique est le résultat d’années passées à documenter des rencontres fortuites.

Dans la vie, comme dans son art, sa curiosité sans borne fut autant celle du connaisseur que du collectionneur. Alors qu’il a rarement cherché à « enregistrer » une époque ou un lieu, en étant simplement présent, il a pu témoigner d’un mode de vie alternatif qui a ainsi défini une génération – la sienne – et une région, la Californie. Toujours attiré par la marge, ses impulsions photographiques l’ont amené à documenter d’innombrables espaces qui ont longtemps symbolisés les sous-cultures comme les graffitis, les autocollants pour pare-chocs et les panneaux de signalisation peints à la main.

Ses principaux travaux sont la série des « Hitch-Hikers » qui rassemble près de 450 clichés d’auto-stoppeurs et la série « Sandal Shop » qui regroupe plus de 2000 photos de la vie quotidienne de son échoppe de sandales entre 1968 à 1972 près de Balboa Beach au sud de Los Angeles.

Son lien étroit avec l’intime festival

Être à part, épris de liberté, il était cher à nos cœurs, lié à l’intime festival de plusieurs manières : avec Xavier Carcelle, il est devenu notre ami en 2003. Nous avons découvert chez lui à Sacramento des piles de photographies rassemblées en vrac, dans des boîtes à chaussures, dans le capharnaüm/caverne d’Ali Baba de sa maison. Avec le sentiment d’être tombé sur un trésor, il nous a laissés repartir en Europe avec ses photos, tirées modestement dans les supermarchés Costco, sans négatif, jetés depuis longtemps. Jean-Marc Bodson, critique et photographe, a confirmé l’intuition que Doug, la soixantaine pouvait devenir un artiste « reconnu » en publiant un premier aux éditions Michel Husson (Bruxelles) en 2007. Il détestait cette expression, la laissant volontiers à ceux dont il reconnaissait le véritables talent, dans son panthéon il y avait Lee Friedlander, Garry Winogrand, Robert Frank et Henri Cartier-Bresson. Lui, se qualifiait de photographe en série et déclarait : « Mon art principal est de me tenir à trois bières par soir ».

Nous avons bricolé avec lui et les copains séduits par sa personnalité si attachante, sa première exposition dans une galerie alternative parisienne en 2006. Ensuite, tout s’emballe, à partir de 2010, son travail est repéré par Agnès b. (exposé à la Galerie du Jour à Paris), montré en Belgique (au théâtre de Namur, au Brass à Bruxelles, à la Biennale photographique de Louvain-la-Neuve, à l’UClouvain), à New-York dans deux galeries importantes (White Column Gallery et George Adams Gallery en 2015) et en Californie (Verge Gallery), chez lui. Nous réalisons un court-métrage documentaire sur lui en 2008, avec les moyens du bord.

La série Sandal Shop

La série Sandal Shop a été sa première grande entreprise photographique, consistant principalement en des portraits pris dans le magasin de sandales près de Balboa Beach où il a travaillé d’environ 1968 à 1972. Pendant son mandat à la boutique – l’emploi était peut-être un terme trop fort – il a commencé régulièrement à photographier des clients avec un Kodak Instamatic qu’il gardait toujours à portée de main. Les instantanés étaient ensuite affichés dans le magasin, passant avec le temps, à près de 2000 images. Ce qui a commencé comme un passe-temps occasionnel est devenu un récit singulier de la vie dans le sud de la Californie à un point d’inflexion de changement social et politique.

La série des Hitch Hikers

À partir de 1973 environ, Doug a commencé à animer une émission de jazz de fin de soirée deux fois par semaine dans une station de radio de Nevada City, en Californie. Au volant de sa VW Bug verte lors de ses trajets vers et depuis San Francisco et plus tard Sacramento, il a commencé à prendre des auto-stoppeurs et leur tirer le portrait systématiquement. Au fil des ans, le projet s’est étendu bien au-delà de ses déplacements réguliers, de sorte que ces portraits instantanés capturent non seulement une population itinérante de jeunes adolescents, d’étudiants, de touristes et d’outsiders, mais aussi l’apparence d’une Amérique en évolution de à partir des années 70. Comme l’écrit le curateur Bob Nickas lors de son exposition à New-York : « Bien qu’il soit facile de considérer la voiture de Biggert comme son studio de portraits mobile, ce qu’il faut considérer, c’est la façon dont toutes les images, rassemblées sur de nombreuses années et provenant de tout le pays, ne reflètent pas seulement un esprit du temps et lieu, mais forment un plus grand portrait de l’homme qui les a faites. »

 

« Stay warm & eat garlic  » comme il aimait conclure nos échanges.