Petite lecture de 45 minutes par Polina Panassenko suivie d’une rencontre avec elle.
LE LIVRE
Elle est née Polina mais la France l’a appelée Pauline. Depuis son arrivée enfant à Saint-Étienne, au lendemain de la chute de l’URSS, elle se dédouble : Polina à la maison, Pauline à l’école. Vingt ans plus tard, elle vit à Montreuil et a rendez-vous au tribunal de Bobigny pour tenter de récupérer son prénom. Ce premier roman frondeur, drôle et bouleversant est construit autour de cette identité double. D’un côté, la Russie de Polina, celle del’enfance, de l’appartement communautaire où les générations se mélangent joyeusement, celle des grands-parents inoubliables et de Tiotia Nina. De l’autre, la France, celle dela materneltchik, des mots qu’on croit deviner, de la patinoire et des Minikeums.
L’AUTEURE et COMEDIENNE
Née à Moscou, Polina Panassenko est auteure, traductrice et comédienne. Elle est lauréate 2018 des Ateliers Médicis, lauréate 2020 de la Maison Antoine Vitez et des Talents Adami Théâtre. Elle a publié en 2015 Polina Grigorievna, une enquête illustrée parue aux éditions Objet Livre en 2015. Tenir sa langue est son premier roman.
EXTRAIT
« Janvier 1990. Le premier McDonald’s d’URSS ouvre à Moscou. Trente mille personnes. Un kilomètre et demi de queue. Je suis dedans avec mes parents et ma sœur. Il fait froid mais ça vaut le coup. On piétine pour les buterbrods venus de l’Ouest et leurs emballages individuels. Une fois le contenu mangé, on ne les jette pas. On les lave et on les garde. C’est une preuve. Ma mère commande un sachet de frites supplémentaire pour mon grand-père. Lui seulement. Ma grand-mère s’est montrée claire sur son refus d’y toucher. Si elle veut une patate, elle se la prépare. Pas besoin d’Américains pour ça. »
À LIRE
Tenir sa langue, Polina Panassenko Éditions de l’Olivier, à paraître le 19 août 2022
Entretien mené par Jean-Claude Vantroyen, journaliste au Soir.